Si vous souhaitez améliorer l’efficacité énergétique de votre logement, voilà une nouvelle qui devrait vous intéresser : l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) vient de publier un guide permettant de mieux comprendre les évolutions des différentes aides à la rénovation, à compter du 1ᵉʳ janvier 2024.

Qui ne connaît pas MaPrimeRenov’ ? Trois ans après sa mise en place, ce dispositif d’aide financière, destiné à faciliter la rénovation thermique des logements, a permis d’améliorer pas moins de 2 millions de logements dans l’Hexagone, selon le ministère de la Transition écologique. Pour autant, le gouvernement souhaite aller plus loin. En 2024, le programme continue donc d’évoluer pour encourager les rénovations d’ampleur et réduire le nombre de passoires thermiques en France.

Priorité aux travaux de rénovation d’ampleur

Dans la version 2024 de MaPrimeRenov’, l’accent sera mis sur les rénovations d’ampleur. C’est pourquoi le gouvernement va mettre en place le « Parcours accompagné », un dispositif qui consiste à réaliser au moins trois opérations de rénovation distinctes d’isolation, de chauffage et/ou de ventilation pour obtenir un gain de deux étiquettes énergétiques minimum. Les ménages concernés seront suivis par « Accompagnateur Renov’ » qui aura pour rôle de guider chaque ménage vers les solutions techniques les plus adaptées tout en évitant les éventuelles arnaques. L’aide financière du « Parcours accompagné » pourra atteindre 90 % du montant total des travaux dans une limite de 70 000 euros, contre 35 000 euros auparavant.

Les forfaits d’aide liés à l’installation de pompes à chaleur seront également augmentés. En revanche, à partir du 1ᵉʳ juillet 2024, les propriétaires de logements classés F et G, considérés comme des passoires thermiques, ne pourront bénéficier de la rénovation par geste (c’est-à-dire une opération de travaux par dossier) et devront obligatoirement se tourner vers une rénovation d’ampleur, et donc le « Parcours accompagné ».

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L’aide financière auprès des copropriétés sera également renforcée. Si les travaux de rénovation engagés entraînent des économies supérieures à 35 %, le taux de financement pourra atteindre les 30 % pour un maximum de 25 000 euros par logement. Au-delà de 50 % d’économies d’énergie, MaPrimeRenov’ prendra même en charge jusqu’à 45 % du montant des travaux, toujours dans la limite de 25 000 euros par logement.

2024 signera également l’arrivée de MaPrimeAdapt’, une aide destinée à faciliter l’adaptation des logements à la perte d’autonomie. Cette aide est le fruit d’une fusion des différentes aides actuelles de l’ANAH, de la CNAV et du crédit d’impôt « autonomie ». Cette aide financière pourra atteindre jusqu’à 70 % de travaux pour des travaux d’un montant de 22 000 euros. Enfin, Ma Prime Logement Décent est également issue de la fusion des aides « Habiter Sain » et « Habiter Serein » de l’Anah, pour lutter contre les logements insalubres.

Des objectifs déconnectés de la réalité ?

Pour accompagner ces nouveaux objectifs, le gouvernement a vu grand en débloquant une enveloppe de 1,6 milliard d’euros supplémentaires, pour atteindre près de 4 milliards d’euros sur l’année 2024. Mais encore faudra-t-il que les français puissent en bénéficier.

Sur l’année 2023 déjà, Thomas Cazenave, ministre délégué chargé des Comptes publics, a annoncé que sur les 2,4 milliards d’euros prévus pour le programme MaPrimeRenov’, 300 millions d’euros de crédit n’avaient pas été utilisés. Toujours selon Thomas Cazenave, ces crédits non utilisés s’expliquent en partie par la hausse du prix des matériaux qui a fait monter en flèche le coût des travaux de rénovation, mais également par le manque d’artisans qualifiés susceptibles de réaliser ces travaux.

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Malgré un budget dédié bien supérieur, la nouvelle mouture de MaPrimeRenov’ pourrait donc ne pas obtenir l’effet escompté. En effet, l’obligation, pour les passoires énergétiques, de réaliser des travaux d’ampleur devrait nécessairement augmenter le reste à charge des ménages. D’autre part, ces travaux d’ampleur, nécessitant l’intervention de plusieurs corps d’états, devraient favoriser les entreprises générales au détriment des petits artisans. C’est, en substance, ce qu’a indiqué Jean-Christophe Repon, le président de la Capeb, au micro d’Europe 1 ce vendredi 29 décembre.

Dans l’état actuel des choses, il est difficile de savoir si l’objectif de 200 000 logements rénovés dans le courant de l’année 2024 est réellement atteignable. En 2023, le nombre de logements entièrement rénovés était estimé à 90 000 contre 66 000 en 2022, malgré une hausse de budget de 800 millions d’euros.